Molotov craint l'isolement et amorce une politique plus conciliante

Accord sur un malentendu

L'impression serait que les Russes vont tenter d'amorcer des compromis à Londres, non pour résoudre la question allemande, mais pour maintenir un statu quo dont ils espèrent tirer parti. Aussi feraient-ils juste assez de concessions pour que la rupture ne soit pas définitive, et qu'une nouvelle conférence à Quatre succède à la prochaine.

Au fond, il se passe un peu ce qui s'est passé à l'ONU. Nous n'avons jamais cru à un abandon de cette institution par l'URSS et nous avons dit pourquoi : cette tribune est nécessaire aux soviétiques. Lake-Success leur est un cheval de Troie dans l'opinion américaine.

De même, la rupture les isolerait complètement, les enfermerait, avec leurs satellites, sans possibilité de manœuvre. Elle permettrait, en outre, aux américains de renflouer  à leur aise l'économie des pays occidentaux et de la Chine.

Les Américains se laisseront-ils manœuvrer ? Il est probable que oui. Eu égard à leur opinion publique, ils ne peuvent rejeter d'emblée les demi-compromis russes. On l'a bien senti à la conférence de Moscou. Marshall y était allé pour quinze jours, décidé à tout obtenir ou à quitter la conférence. Il est resté deux mois et il est reparti les mains vides.

Selon le mot de M. Georges Bidault : « Après la dernière chance, il peut y en avoir une autre ». Reprenons  ce que nous disait hier un diplomate : « On espère se mettre d'accord sur un malentendu ».

On ne tranchera de la question allemande que juste ce qu'il faut pour qu'elle puisse encore rebondir.